Edición Hilvanando la memoria y Édition Folle Avoine
Lanzamientos, Rennes, 19 de mayo; Paris, 25 de mayo; Estrasburgo, 31 de mayo.
En Rennes, el editor, poeta Yves Prié y la periodista de Radio Francia Internacional, Angélica Pérez. Rennes mayo 19 de 2016 |
OUVERTURE
Jean Jacques Kourliandsky
J’ai
accepté imprudemment de frapper les trois coups ouvrant le rideau des «Voiles
de la mémoire», écrits par le romancier colombien, Jorge Eliécer Pardo.
Imprudemment car le préfacier doit justifier sa nécessité. Pourquoi donc? Parce
qu’il se doit de répondre de façon adéquate à l’invitation littéraire d’un
auteur et de son entourage. Il est ainsi contraint d’apporter une valeur
ajoutée. Il l’est d’autant plus que lecteur a le plus souvent la tentation de
sauter les premières pages d’un exercice éditorial abusivement imposé, ennuyeux
souvent, et perçu comme une perte de temps. Quel qu’en soit l’intitulé,
Avant-Propos, Avertissement liminaire, Préface, Introduction, Ouverture
aujourd’hui, l’emballage ne retient pas le mouvement fébrile des doigts
glissant vers l’essentiel, le texte de l’auteur.
L’imprudence
était d’autant plus grande qu’elle relevait d’une quasi imposture. Je n’avais,
avant d’avoir eu sous les yeux de mon ordinateur le manuscrit des «Voiles de la
mémoire», jamais lu Jorge Eliécer Pardo. Je n’ai aucune compétence littéraire
particulière. Je n’ai écrit aucun récit, roman, conte ou nouvelle. Je ne suis
pas davantage critique littéraire. Mon domaine d’intérêt relève des sciences
sociales, qui s’efforcent de donner quelques clefs permettant de comprendre, un
pays, la Colombie ?, une situation, ses violences? Je suis, il est vrai,
lecteur passionné de récits en première personne, curieux des recettes
concoctées par les hommes et les femmes de lettres pour recomposer la réalité.
Pour toutes ces raisons ma route a croisé celle de bien des Colombiens, de
chair et d’os, et de papier, en Colombie, comme en France.
Quand des
amis colombiens de «Hilvanando la memoria» m’ont proposé de lever le voile de
ce livre, «Les voiles de la mémoire» et de son auteur, Jorge Eliécer Pardo,
pour moi inconnus, mais Colombiens, l’effet de tentation a été le plus fort. Il
a brisé les barrières de toute prudence et réserve intellectuelles. Mais
peut-être était-ce cela que recherchaient ceux qui m’ont ferré de la sorte?
Forcer un observateur du quotidien colombien, habituellement protégé par
l’approche clinique qui est celle du chercheur, à saisir à pleines mains les
«désastres de la guerre» colombienne. Dans un entretien, Jorge Eliécer Pardo,
exprime très bien cette conception de l’écrit : «le roman doit coller à la
peau». En clair la démarche de l’écrivain est aux antipodes de celle du
chroniqueur social. «La littérature historique doit s’éloigner de l’histoire
pour privilégier le drame humain», ajoute-t-il[1]. Chercheur et romancier parlent
tous deux de la Colombie. Mais leur géographie de l’espace les positionne sur
des orbites différentes.
Forcer
un croisement est en soi, et pour moi aura été, une expérience
déstabilisatrice. Déstabilisatrice parce qu’elle contraint à revenir aux
origines. Les constructions intellectuelles des chercheurs en sciences sociales
quel qu’en soit l’objet ou le sujet éloignent de l’humain. Le récit, le roman
portant sur les mêmes évènements sollicitent l’intimité, obligent à se jouer
quelque part «la peau», comme le dit Jorge Eliecer Pardo. La statistique traite
des violences colombiennes. Comme la chronologie, l’anthropologie, la
sociologie et l’histoire. Et bien d’autres disciplines savantes en «ion» ou en
«ie». Mais passer sous la peau des homicides dument classés par dates,
chiffres, lieux, catégories sociales, annualisés, et régionalisés, c’est
affronter «l’intensité des mots»[2]
et des réalités les plus crues, au risque d’une «chair de poule» durable.
Pour
reprendre un équilibre, permettant de se remettre sur pied, on peut comme en
cinéma rembobiner le film, revenir en chariot arrière. Le chercheur tente alors
de retrouver quelques éléments factuels campant un environnement distancié.
C’est à voir pourtant. Car Jorge Eliécer Pardo est né dans une localité au nom
troublant, El Libano. Un nom qui
renvoie à d’autres drames qui véhiculent quotidiennement des images de mort.
Tournons la page. L’état-civil, le prénom de l’auteur, Jorge Eliécer rappellent
un épisode dramatique de l’histoire colombienne. Le 9 avril 1948 Jorge Eliécer
Gáitan, candidat libéral aux présidentielles était assassiné dans une rue
centrale de Bogota, la capitale. La «Violence», allait pendant plus de dix ans
bouleverser et ensanglanter la Colombie. Porter un tel prénom, naitre à El
Libano, ne prédestinait-il pas à écrire le sang, la mort et le noir du deuil de
la façon la plus crue? Retour donc à la case départ. La déstabilisation
littéraire est-elle pour autant incontournable?
La
violence colombienne est en effet une branche particulière de la recherche, urbi en Colombie et orbi, bien au-delà. Les «colombianologues» ont su légitimer
scientifiquement leurs travaux. Ils en vivent. On peut se demander si l’annonce
d’une paix possible est une bonne nouvelle pour les acteurs de ce savoir. Il
est vrai qu’il reste bien d’autres conflits. Ils permettent d’éventuelles
reconversions professionnelles. Les militaires et policiers colombiens,
victimes potentielles de la paix, y réfléchissent eux aussi. La violence, la
mort, et ses artisans constituent en Colombie comme en bien des endroits une
source d’activités et paradoxalement de vie. Le cimetière central de Bogota, en
est un des lieux symboliques. «Ville des morts» selon le syndicat d’initiatives
local, il fait vivre comme d’autres, fossoyeurs, fleuristes et
embaumeurs. Mais on y trouve aussi à disposition moyennant pesos sonnant et trébuchant, prêtres et
musiciens, guides organisant des tours diurnes et nocturnes.
L’histoire,
la sociologie, les forces de l’ordre ne sont pas seules concernées par cette
dérive des valeurs. La littérature, le cinéma et la télévision, fabriquent
aussi une violence de fiction, alimentaire. Un historien, André Zysberg, en a
fait le constat. «La mode littéraire est aux romans historiques (…) L’histoire
servant de trame à la fiction. Dépaysement garanti. (...) La tentation est
forte pour un historien de passer le miroir»[3]. Jorge Eliécer Pardo, dans
l’entretien signalé, conteste l’authenticité de la variante colombienne, de ce
miroir aux alouettes. La littérature de la «narco-guerre» et des tueurs à gage
(ou sicarios) fabrique, écrit-il de
la valeur monnaie, en «faux positif». C’est une littérature ajoute-t-il «décontextualisée
et frivole. Les tueurs s’amourachent et tuent, mais leurs victimes
n’apparaissent jamais».
Il faut
en conclut-il déchirer le voile d’une mémoire refoulée, «lutter contre l’oubli.
La mémoire ne doit pas être un ultime tombeau»[4]. Autant de références qui
canalisent l’ambition. Nos auteurs regrette-t-il esquivent la violence et
banalisent la guerre. Jorge Eliécer Pardo propose une thérapie littéraire.
L’exposition de l’horreur au risque d’un voyeurisme pornographique. En 32
textes inspirés d’accidents historiques réels, il donne à lire dans «les voiles
de la mémoire», 500 ans de barbarie. Chaque épisode en première personne donne
à toucher le Mal, à fleur de peau. Cette esthétique de la morale et de la mort
plonge sans faux fuyant au cœur des «paramètres de la démence».
La
déstabilisation initiale des « voiles de la mémoire » renvoyait aux
origines, à un vécu des fins dernières. Mais Jorge Eliécer Pardo impose aussi
une fusion perturbante du savoir et de l’intime, suggérant des entendements
complémentaires. María Victoria Uribe a sans doute commis une «anthropologie»
éclairante «de l’inhumanité»[5].
On comprend, rationnellement, sa description des chocs émotionnels provoqués
par ce qu’elle appelle l’animalisation des victimes sacrifiés par leurs
bourreaux. Mais vivre la démence criminelle en première personne, comme y
invite Jorge Eliécer Pardo, est une expérience immédiate et traumatisante.
Expérience parce que bien évidemment personne n’est revenu de ces moments-là,
pour en tenir registre et mémoire. Expérience fondamentale pourtant tentée par
l’écrivain. «Parce que la littérature apporte à la réflexion, sans être
prisonnière de discours. Elle parle des gens pris dans les allées et venues de
l’histoire».
Nada más.
Rien de plus. Rien ne va plus peut-être, comme on dit dans la roulette de
la vie et de la mort. … «Parce qu’on était convaincu que ses yeux s’étaient
usés à force de voir ce» «qu’ils avaient vus»[6]. Mais l’usure, quel qu’en
soit le sens, n’est-elle pas aussi source d’indignation? «La paix est le chemin»,
signale opportunément Jorge Eliécer Pardo citant Gandhi. Un chemin que peuvent
baliser de conserve, écrivains et chercheurs.
APERTURA
Jean Jacques Kourliandsky
Imprudentemente acepté dar tres golpes al abrir las cortinas de los Velos de la memoria del escritor
colombiano Jorge Eliécer Pardo. Y digo imprudentemente puesto que el prefacio
debe corresponder a una necesidad. ¿Por qué? Porque el prefacio debe responder
de una manera adecuada a la invitación literaria de un autor y del medio que lo
rodea. Es así como se ve obligado a dar un valor agregado. Además, el lector se
ve confrontado, muy a menudo, a la tentación de saltarse las primeras páginas
de un ejercicio editorial abusivamente impuesto, muchas veces aburridor y visto
como una pérdida de tiempo. Sin importar el título que se le dé, preámbulo,
prefacio, introducción, proemio, exordio, prolegómeno, introito, el empaque no impide
el movimiento febril de los dedos deslizándose hacia lo esencial, el texto del
autor.
La imprudencia era aún más grande puesto que suponía de una cuasi
impostura. Nunca había leído un libro de Jorge Eliécer Pardo hasta tener
delante de mis ojos los Velos de la
memoria, manuscrito que se me revelaba en la pantalla del computador. No
tengo ninguna competencia literaria en particular. No he escrito ningún relato,
ni novela, ni cuento. Ni soy crítico literario. Mi conocimiento se circunscribe
a las Ciencias Sociales que se esfuerzan en dar algunas claves que permitan comprender,
un país, ¿Colombia? una situación, ¿su violencia? Lo que si es verdad es que
soy un lector apasionado de los relatos en primera persona, soy un curioso de
las recetas dadas por hombres y mujeres de letras que recomponen la realidad.
Por todas estas razones mi ruta ha cruzado muchos colombianos, de carne y de
hueso, y de papel, tanto en Colombia como en Francia.
Cuando mis amigos colombianos de «Hilvanando la memoria» me
propusieron correr el velo de este libro, Los
velos de la memoria y de su autor, Jorge Eliécer Pardo, para mí
desconocidos, pero colombianos, el efecto de la tentación fue mucho más fuerte.
Rompió las barreras de toda prudencia reservada a los intelectuales. ¿Era eso
lo buscaban los que me pusieron este anzuelo?
Forzar a un observador de la cotidianidad colombiana, generalmente
protegido por la aproximación clínica que caracteriza al investigador, a tomar
a manos llenas los «desastres de la guerra» colombiana. En una entrevista,
Jorge Eliécer Pardo, explica muy bien esta concepción que se refleja en la
escritura: «la novela debe pegarse a la piel». En realidad el trabajo del
escritor está en las antípodas del trabajo de un cronista social. Y agrega: «La
literatura histórica debe alejarse de la historia con el fin de privilegiar el
drama humano»[1].
Los dos, investigador y novelista, hablan de Colombia. Sin embargo, la
geografía del espacio los pone en órbitas diferentes.
Forzar un encuentro consigo mismo, y para mí lo ha sido, es una
experiencia desestabilizadora. Desestabilizadora porque obliga a regresar a los
orígenes. Las construcciones intelectuales de los investigadores en Ciencias
Sociales, sin importar el objeto de estudio, lo alejan de lo humano. El relato
o novela que hablan sobre los mismos acontecimientos requieren de intimidad,
obligan a dejar «la piel», como bien lo dice Jorge Eliécer Pardo. Las
estadísticas relacionadas con la violencia colombiana es un ejemplo a tener en
cuenta. Como lo son la cronología, la antropología, la sociología o la
historia. O bien, otras sabias disciplinas terminadas en ía. Pero pasar bajo la
piel de los homicidas debidamente clasificados por fechas, cifras, lugares,
categorías sociales y regionalizados, es afrontar «la intensidad de las
palabras»[2] y las realidades más crudas,
con el riesgo de tener «la carne de gallina» por mucho tiempo.
Para reencontrar un equilibrio que permita levantarse nuevamente uno
puede, como en el cine, rebobinar la película, regresar al punto de partida. El
investigador intenta entonces reencontrar algunos elementos factuales que se
instalan en un lugar distanciado. Sin embargo, debe revisarse. Puesto que Jorge
Eliécer Pardo nació en una localidad que lleva un nombre bastante inquietante,
El Líbano. Un nombre que nos hace pensar en otros dramas y que nos traen
cotidianamente otras imágenes de muertos. Pasemos la página. El estado civil,
el nombre del autor, Jorge Eliécer, recuerda un episodio dramático de la
historia colombiana. El 9 de abril de 1948 Jorge Eliécer Gaitán, candidato
liberal a la presidencia de la república, es asesinado en una calle céntrica de
Bogotá. Durante diez años la «violencia» se instalaría y ensangrentaría al
país. Llevar un nombre como ése, nacer en El Líbano, ¿no predestinan a escribir
con sangre la muerte y el negro de la forma más cruel? Regresemos al punto de
partida. ¿La desestabilización literaria es ella por lo tanto ineludible?
La violencia colombiana es, en efecto, una rama particular de la
investigación, urbi en Colombia et orbi. Los «colombianólogos» han sabido
legitimar científicamente sus trabajos. Los viven. Uno puede preguntarse si el
anuncio de una paz posible es una buena nueva para los actores de este
conocimiento. Es verdad que quedan otros conflictos. Ellos permiten otros
estudios. Los militares y policías colombianos, víctimas potenciales de la paz,
también reflexionan. La violencia, la muerte, y sus artesanos representan en
Colombia, como en muchos otros lugares, una fuente de actividades y
paradójicamente de vida. El Cementerio Central de Bogotá es uno de sus lugares
simbólicos. «Ciudad de muertos», según el sindicato de iniciativas locales, hay
que vivir como los otros, sepultureros, floristas y embalsamadores. Pero
también se encuentra a disposición de algunos pesos, curas y músicos, guías que
organizan toures diurnos y nocturnos.
La historia, la sociología, las fuerzas del orden, no están solas en
lo que concierne a esta desviación de valores. La literatura, el cine y la
televisión, fabrican también una violencia de ficción. Un historiador, André
Zysberg, pudo constatarlo. «La moda literaria es a las novelas históricas (…)
La historia como trama de una ficción. Despiste garantizado (…) La tentación es
grande para un historiador de mirar el espejo». Jorge Eliécer Pardo, en la
entrevista señalada, pone en duda la variante colombiana en ese espejuelo. La
literatura de la «narcoguerra» y de sicarios fabrica los «falsos positivos».
Agrega que es una literatura «descontextualizada y frívola. Los asesinos se
enamoran y matan, pero sus víctimas no aparecen jamás».
Es necesario, concluye, desgarrar el velo de la memoria rechazada, «luchar
contra el olvido. La memoria no debe ser la última tumba»[3]. Tantas referencias que
canalizan la ambición. Nuestros autores, se lamenta, esquivan la violencia y
banalizan la guerra. Jorge Eliécer Pardo propone una terapia literaria. La
exposición del horror lindando las fronteras parafilicas del exhibicionismo. En
32 textos inspirados por hechos reales presenta en Los velos de la memoria 500 años de barbarie. Cada episodio en
primera persona toca el mal, lo siente a flor de piel. Esta estética de la
moral y de la muerte se sumerge en falsas salidas en el corazón de «parámetros
de demencia».
La desestabilización inicial de los «velos de la memoria» enviaba a
los orígenes, a un hecho vivido. Pero Jorge Eliécer Pardo impone también una
fusión perturbadora del saber y de lo íntimo, sugiriendo los no dichos
complementarios. María Victoria Uribe desarrolla, sin duda, una «antropología»
reveladora de «la humanidad»[4]. Uno entiende,
racionalmente, su descripción de choques emocionales probados por lo que ella
llama la animalización de víctimas sacrificadas por sus victimarios. Pero vivir
la demencia criminal en primera persona, como nos incita Jorge Eliécer Pardo,
es una experiencia inmediata y traumatizante.
Experiencia porque es evidente que nadie ha regresado de esos momentos
para poderlos registrar y memorizar. Experiencia fundamental intentada por el
escritor. «Porque la literatura aporta reflexión sin ser prisionera del
discurso. Ella habla de gente retenida en las idas y venidas de la historia».
Nada más. «Porque
estábamos convencidos que sus ojos se habían usado demasiado» «que ellos
habían visto»[5].
Pero el desgaste, cualquiera sea el sentido, ¿no es también motivo de
indignación? «La paz es el camino», recuerda oportunamente Jorge Eliécer Pardo
citando a Gandhi. Un camino que pueden poner en conserva escritores e
investigadores.
Traducido por Berta Lucía Estrada EstradaValenciennes, 2016
El traductor, Jean-Pierre Dezaire, lee uno de los textos del libro en el lanzamiento en RennesLes voiles de la mémoire |
Traduction de l´spañol (Colombia)
Jean-Pierre Dezaire
Les voiles de la mémoire, recueil de 32 textes de Jorge Eliécer Pardo voilent et dévoilent, chacun dans une tonalité propre, quelques unes des violences qui jalonnent l'histoire récente, et moins récente, de la Colombie. Ces récits exempts de toute polémique ou partisanerie, profondément enracinés dans les cultures, les paysages et la réalité colombienne, évoquent par touches successives et en les nimbant de poésie des drames humains, basés pour l'essentiel sur des faits hélas bien réels et documentés. Une écriture qui tresse de superbes couronnes de roses sans soustraire la moindre épine. Les images, le lyrisme parfois, n'enlèvent rien à l'abomination des faits rapportés ou à la brutalité de réalités si évidentes qu'elles n'apparaissent qu'entre les lignes. La focale à hauteur de souffrance humaine, les phrases tranquilles, mais implacables rappellent l'existence des victimes massacrées, déplacées, brisées, et rendent aux sacrifiés la dignité d'être humain à laquelle ils auraient normalement dû avoir droit.
On peut donc voir ce recueil comme une sorte de tombeau littéraire, composition poétique à la mémoire des victimes, pour la plupart modestes habitants villages ou hameaux. On sait l'importance des rites et de la parole dans le deuil, la guérison des blessures, des pertes, la reconstruction.
Mais ce qui est à l'œuvre ici va au-delà. En levant le voile sur les faits avec respect, en décrivant les circonstances et les conduites sans mièvrerie, en donnant à voir l'état de totale précarité des populations civiles face aux exactions des groupes armés officiels ou non, en rendant voix et dignité aux victimes et à leurs proches, ces récits résolument humanistes ne font pas seulement œuvre de mémoire. Ils invitent à regarder l'histoire en face, à vivre avec, sans jamais juger à la place du lecteur; leur parole rend le lecteur solidairement homme face à la barbarie, à la terreur. Ce n'est pas rien !
Un remède contre «le silence et la peur qui tue» ; en définitive un livre à la vie.
Strasbourg 7 juillet 2015
Jean-Pierre Dezaire.
Los velos de la memoria
Jean-Pierre Dezaire
Los velos de la memoria, el libro de 32 cuentos de Jorge Eliécer Pardo, ocultan y revelan, cada uno con su propio tono, algunas violencias que jalonan la historia reciente, y no tan reciente, de Colombia. Estos cuentos son ajenos a la polémica y no obligan a tomar partido por ningún bando, están profundamente ancorados en las culturas, los paisajes y la realidad colombiana, evocan con pinceladas sucesivas, no exentas de un aura de poesía, los dramas humanos, basados esencialmente en hechos desafortunadamente reales y bien documentados. Es una escritura que teje hermosas coronas de rosas sin quitarles ni una sola espina. Las imágenes y la lírica no disfrazan la abominación de los hechos relatados ni la brutalidad que pueden leerse entre líneas. El foco -léase centro de atención- a la altura del sufrimiento humano, aparece con palabras sosegadas pero implacables que recuerdan la existencia de las víctimas de las masacres, de los desplazados, de los que se han quebrado por dentro y otorgan a los sacrificados la dignidad humana a la cual deberían haber tenido derecho.
Este libro de cuentos puede verse como una especie de tumba literaria, una composición poética dedicada a la memoria de las víctimas, la mayoría de las cuales son modestos habitantes de pueblos y veredas. Conocemos la importancia de los ritos y de la palabra relacionados con el duelo, con la sanación de las heridas y de las pérdidas, y de la reconstrucción que debe seguir a dicho proceso ; no obstante, lo que Pardo describe va mucho más allá. Al levantar el velo respetuosamente de diversos acontecimientos, al describir las circunstancias y las conductas sin remilgos, al mostrar el estado de total precariedad de la población civil frente a los grupos armados oficiales o no, al dar la voz y la dignidad a las víctimas y a sus familias; estos cuentos, profundamente humanos, no son sólo una obra de memoria puesto que invitan a mirar la historia de frente, a vivir con ella, sin que el lector tenga la necesidad de juzgarla nunca; su palabra pone al lector frente a la barbarie, al terror ; al mismo tiempo que le permite conservar su posición de solidaridad ante los hechos relatados. ¡Y esto ya es bastante!
Es un remedio contra «el silencio y el miedo que matan»; en definitiva un libro a la vida.
Strasbourg 7 juillet 2015
Jean-Pierre Dezaire.
Traducido por Berta Lucía Estrada Estrada
Valenciennes, agosto 4 de 2015
El traductor Jean-Pierre Dezaire, A Pérez, JEP y Rodrigo Torres, presidente de Hilvanando la Memoria |
El traductor Jean-Pierre Dezaire, la editora y periodista Angélica Pérez, Elsa Castañeda y Jorge Eliécer Pardo, rumbo a Rennes a la presentación del libro. |
El autor habla con el público |
Jean-Jacques
Kourliandsky est chercheur à l'IRIS sur
les questions ibériques (Amérique latine et Espagne).
Consultant sur les situations relatives à ces régions
auprès de l'administration publique et des entreprises, il intervient également
auprès des Fondations Friedrich Ebert et Jean Jaurès en Amérique Latine.
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